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plaie de mon cœur. – Psyché ! m’écriai-je avec effroi… Et je me réveillai.

Je passai toute la nuit dans ces rêves étranges. Le lendemain, j’étais levé avant l’aube. M’étant habillé promptement, je pris mon fusil et me dirigeai vers l’habitation. Mon impatience était si grande que l’aube blanchissait à peine lorsque j’y arrivai. Les alouettes chantaient autour de moi, les corneilles criaient dans les bouleaux ; mais dans la maison tout dormait encore. Le chien lui-même ronflait derrière l’enclos. Dans cette anxiété de l’attente qui va jusqu’à la colère, je me mis à arpenter le gazon couvert de rosée et à regarder sans cesse la petite maison basse qui renfermait dans ses murs cet être énigmatique. Tout à coup la petite porte cria faiblement, elle s’ouvrit, et Loukianitch apparut sur le seuil. Son visage allongé me sembla encore plus maussade que de coutume. Il parut étonné de me voir, et voulut aussitôt refermer la porte.

– Cher ami, cher ami ! m’écriai-je avec empressement.

– Que voulez-vous à cette heure matinale ? me répondit-il d’une voix sourde.

– Dis-moi, je t’en prie, on prétend que ta maîtresse est arrivée ? Loukianitch se tut pendant un instant :

– Elle est arrivée, dit-il.

– Seule ?

– Avec sa sœur.