comme s’il se rappelait quelque chose :
– Ah ! oui, dit-il en s’adressant à moi ; à propos, nous avons à causer ensemble.
Deux propriétaires des plus acharnés, qui suivaient obstinément le prince, pensèrent qu’il s’agissait sans doute « d’affaires de service, » et se retirèrent respectueusement en arrière. Le prince me prit le bras et m’emmena de côté. Mon cœur battait avec violence.
– Je crois que vous m’avez insulté ? me dit-il en appuyant sur le mot « vous », et en me regardant sous le menton avec une expression de mépris qui allait singulièrement bien à son frais et gracieux visage.
– J’ai dit ce que je pensais, répliquai-je en haussant la voix.
– Chut !… plus bas ! dit-il. Les gens comme il faut ne crient pas. Vous voulez sans doute vous battre avec moi ?
– Cela vous regarde, repris-je en me redressant.
– Si vous ne rétractez pas vos expressions, il faudra bien que je vous défie, me répondit-il négligemment.
– Je n’ai nulle envie de me rétracter ni de me résigner en quoi que ce soit, poursuivis-je avec fierté.
– Vraiment ? ajouta-t-il, non sans un sourire d’ironie. Dans ce cas, reprit-il après un moment de silence, j’aurai l’honneur de vous envoyer demain mon témoin.
– Fort bien ! répondis-je d’une voix aussi indifférente que possible.