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enjoué et sociable, aimable par penchant, et par calcul aussi quand il le jugeait à propos : comment n’aurait-il pas réussi complètement ?

Depuis le jour de son arrivée, toute la maison des Ojoguine trouvait que le temps s’envolait avec une rapidité prodigieuse. Quoique feignant de ne rien remarquer, les vieux époux se frottaient probablement les mains en secret à l’idée de captiver un gendre pareil ; le prince lui-même menait les choses avec un calme parfait, lorsque tout à coup un événement inattendu…

À demain encore !… Je suis fatigué aujourd’hui. Ces souvenirs m’irritent jusqu’au bord du tombeau. Térence a trouvé aujourd’hui que mon nez s’effilait du bout, et on dit que c’est un mauvais signe.



27 mars. – Le dégel continue.

Toutes choses se trouvaient dans la situation que j’ai décrite plus haut. Le prince et Lise s’aimaient ; les vieux Ojoguine attendaient une solution. Besmionkof aussi faisait acte de présence ; c’est tout ce qu’on pouvait dire de lui. Je me heurtais à tout comme un poisson sous la glace et j’observais de tous mes yeux. C’était le temps où je m’étais donné la mission de veiller à ce que Lise ne se laissât pas prendre dans les pièges du séducteur : en effet, j’avais déjà commencé à fixer mon attention sur les femmes de service et sur le fatal escalier dérobé, ce qui ne m’empêchait