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comme tout autre mortel. C’étaient des affaires de service qui m’avaient amené dans la ville d’O…

Térence a décidément juré de me faire mourir. Voici un échantillon de notre conversation :

TÉRENCE. – Mon Dieu ! petit père, qu’écrivez-vous donc toujours là ? Cela ne vous vaut rien d’écrire ainsi.

MOI. – Mais, Térence, je m’ennuie.

ELLE. – Prenez une tasse de thé et couchez-vous. Dieu fera en sorte que vous transpiriez et que vous dormiez un peu.

MOI. – Mais je n’ai pas envie de dormir.

ELLE. – Ah ! petit père, pourquoi parler ainsi ? Que le Seigneur vous bénisse ! Couchez-vous, couchez-vous, c’est ce que vous pouvez faire de mieux.

MOI. – Je mourrai de toute façon, Térence.

ELLE. – Que Dieu vous bénisse, vous dis-je ! Eh bien ! faut-il vous donner du thé ?

MOI. – Je n’ai plus une semaine à vivre, Térence.

ELLE. – Hi ! hi ! petit père, que chantez-vous là ?… Je vais préparer le samovar…

Ô créature décrépite, jaune et édentée, se peut-il que je ne sois pas un homme, même pour toi ?



24 mars. – Gelée aiguë.

Le jour même de mon arrivée dans la ville d’O…, les affaires de service dont j’ai parlé plus haut me