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Volinzoff mit son cheval au trot.

— Avec le plus grand plaisir, s’écria Konstantin en présentant son bras à Alexandra Pawlowna.

Elle le prit et tous les deux suivirent la route de l’habitation.


II


Konstantin était heureux et fier d’avoir Alexandra Pawlowna à son bras. Il avançait à petits pas, il souriait avec satisfaction, et ses grands yeux orientaux devenaient même tout humides, ce qui du reste leur arrivait assez souvent. Il lui coûtait peu de s’émouvoir, et même de verser des larmes. Et qui ne serait heureux d’avoir au bras une jeune et jolie femme ? Tout le gouvernement de *** proclamait d’une voix unanime Alexandra Pawlowna charmante, et le gouvernement de *** ne se trompait pas. Le nez droit d’Alexandra, légèrement retroussé, aurait suffi à lui seul pour tourner la tête au plus sage des mortels, sans parler de ses yeux bruns et veloutés, de ses blonds cheveux dorés, des jolies fossettes de ses joues arrondies et de mille autres perfections. Mais ce qu’il y avait de plus séduisant en elle, c’était l’expression de son gracieux visage : confiant, bienveillant et modeste, il touchait et attirait les cœurs. Alexandra avait le regard et le rire d’un enfant ; les dames la trouvaient simplette. Que peut-on désirer de plus ?