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Ce voyageur n’était autre que Lejnieff.

L’enrôlement des recrues l’avait forcé de quitter sa campagne pour venir à C***.

Le domestique de Lejnieff apparut. C’était un jeune garçon à cheveux frisés et fort en couleur, habillé d’un manteau gris serré à la taille par une ceinture bleue. Il était, de plus, chaussé de bottes en feutre.

— Eh bien, mon garçon, nous voilà arrivés, malgré la peur que tu avais de voir éclater la jante d’une des roues.

— Oui, oui, répondit le jeune serviteur en s’efforçant de sourire derrière le collet relevé de son manteau. Mais comment la jante tient-elle encore ?

— N’y a-t-il donc personne ici ? cria une voix dans le corridor. Lejnieff tressaillit ; il se mit à écouter.

— Ohé ! quelqu’un ! répéta la voix.

Lejnieff s’était levé. Il alla à la porte et l’ouvrit vivement.

Un homme de haute taille se tenait devant lui. Il était voûté et ses cheveux paraissaient presque complètement gris. Il portait une vieille redingote en velours de coton garnie de boutons en bronze. Lejnieff le reconnut aussitôt.

— Roudine ! s’écria-t-il d’une voix émue.

Roudine se retourna. Il ne pouvait distinguer les traits de Lejnieff car celui-ci était placé de façon à tourner le dos à la lumière. Il lui jeta un regard interrogateur.