Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée


XI


Volinzoff se leva à dix heures. Ayant appris à son grand étonnement que Lejnieff était assis sur son balcon, il le fit appeler chez lui.

— Qu’est-il donc arrivé ? lui demanda-t-il. Tu voulais retourner chez toi ?

— C’est vrai ; mais j’ai rencontré Roudine… Il était seul et marchait par les champs comme un effaré. Alors je suis revenu.

— Tu es revenu parce que tu as rencontré Roudine ?

— C’est-à-dire, pour parler franchement, je ne sais pas moi-même pourquoi je suis revenu. C’est probablement parce que j’ai pensé à toi. J’ai voulu te tenir compagnie ; j’aurai tout le temps de rentrer chez moi.

Volinzoff sourit amèrement.

— C’est cela ! on ne peut plus maintenant penser à Roudine sans penser à moi en même temps… Qu’on serve le thé, cria-t-il au domestique.

Les amis s’étaient mis à déjeuner. Lejnieff parlait de l’administration des biens et d’un nouveau procédé pour couvrir les granges avec du carton bitumé.

Tout à coup Volinzoff sauta sur sa chaise et frappa la table avec tant de violence qu’il fit entrechoquer les tasses et les soucoupes.