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pour vous prouver que nous savons apprécier votre noblesse et votre droiture. Avec une autre personne, cette franchise, cette complète franchise serait déplacée, mais elle devient un devoir vis-à-vis de vous. Il nous est doux de penser que notre secret est entre vos mains…

Volinzoff se mit à rire avec un effort visible.

— Grand merci pour la confiance ! s’écria-t-il ; mais remarquez, je vous prie, que je ne désire ni connaître votre secret, ni vous confier le mien. Vous en disposez comme d’un bien propre et vous parlez comme si vous en aviez reçu la mission d’une autre personne. Cela me porte à supposer que Natalie est prévenue de cette visite et de son but.

Roudine se troubla légèrement à ces dernières paroles.

— Non je n’ai pas communiqué mon dessein à Natalie Alexéiewna, mais je sais qu’elle partage ma manière de voir.

— Tout cela est fort bien, répondit Volinzoff après un instant de silence pendant lequel il s’était mis à tambouriner sur les vitres. J’avoue pourtant que j’aimerais mieux être moins estimé de vous. À vrai dire, je tiens fort peu à votre estime. Voyons, que me voulez-vous à présent ?

— Je ne veux rien… ou pourtant, si ! je veux quelque chose. Je veux que vous ne me teniez pas pour un homme rusé et astucieux ; je veux que vous me compreniez… J’espère maintenant que vous ne