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Nicolaïtch, répéta le domestique. Volinzoff se leva.

— Fais-le entrer, et toi, sœur, laisse-nous, continua-t-il en se tournant vers Alexandra.

— Mais pourquoi donc ? dit-elle.

— Cela ne regarde que moi ! poursuivit-il avec emportement. Je t’en prie.

Roudine entra. Volinzoff le salua froidement, demeura debout au milieu de la chambre et ne lui tendit pas la main.

— Vous ne m’attendiez pas, avouez-le, dit Roudine en posant son chapeau sur le rebord de la fenêtre.

Ses lèvres tremblaient un peu mais il s’efforçait de cacher son trouble.

— Je ne vous attendais certainement pas, répondit Volinzoff. Je me serais plutôt attendu à voir quelqu’un venant de votre part, après la journée d’hier.

— Je comprends ce que vous voulez dire, reprit Roudine en s’asseyant. Je suis très heureux de votre franchise. Il vaut mieux qu’il en soit ainsi. Je suis venu à vous comme à un homme d’honneur…

— Ne pourrait-on pas faire trêve aux compliments ? interrompit Volinzoff.

— Je désire vous expliquer ma présence ici.

— Nous nous connaissons. Pourquoi ne viendriez-vous pas chez moi ? Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que vous me faites l’honneur de votre visite.

— Je suis venu à vous comme un homme d’honneur à un autre homme d’honneur, répéta Roudine.