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I


C’était une calme matinée d’été. Le soleil montait dans le ciel limpide, et la rosée brillait dans les champs. Une fraîcheur odoriférante s’élevait du vallon à peine éveillé ; l’oiseau matinal chantait joyeusement dans la forêt encore humide et silencieuse. Un petit village de mince apparence couronnait le sommet d’une colline peu élevée que le seigle en fleur recouvrait de haut en bas. Sur l’étroit sentier de traverse qui conduisait vers le village, une femme vêtue d’une robe de mousseline blanche et coiffée d’un chapeau de paille rond s’avançait. Elle tenait une ombrelle à la main. Suivie d’un petit domestique habillé en Cosaque, elle marchait à pas lents comme une personne qui jouit de sa promenade. Tout alentour, de longues vagues chatoyantes, tantôt d’un vert argenté,