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riée, et Evlampia, célibataire ; lequel acte devra s’accomplir après-demain, à la douzième heure du jour, dans mon propre domaine Ieskovo, avec la participation des autorités actuellement en exercice, lesquelles ont déjà reçu l’invitation pour ce faire. »

Kharlof eut beaucoup de peine à achever cette longue tirade, qu’il avait évidemment apprise par cœur, et qu’avaient interrompue de fréquents soupirs et gémissements. On aurait dit qu’il n’avait pas assez d’air dans la poitrine. Son visage, pâli depuis deux jours, était redevenu cramoisi ; il essuya plusieurs fois la sueur qui coulait de son front.

« Est-ce que tu as rédigé l’acte de partage ? demanda ma mère. Où as-tu trouvé le temps ?

— Oh ! j’ai eu le temps…, sans manger, sans boire, sans dormir.

— Tu l’as écrit toi-même ?

— Volodka m’a aidé.

— As-tu présenté ta requête ?

— Je l’ai présentée, et la cour du gouvernement y a fait droit, et le tribunal du district a reçu l’ordre, et la délégation temporaire dudit tribunal a déjà fixé le jour de son arrivée. »

Ma mère sourit.

« Je vois, Martin Pétrovitch, que tu as pris toutes tes mesures… Avec quelle célérité ! Il est probable que tu n’as pas épargné l’argent.

— Je n’ai rien épargné, madame.

— Seulement, pourquoi, disais-tu que tu venais me consulter ? Eh bien, Dmitri peut aller. Et j’en-