canard, il les fourrait dans sa gibecière avec une singulière expression de visage. « Maintenant, mes petits amis, semblait-il leur dire en les caressant de la main, vous ne m’échapperez plus, je vous tiens, c’est à moi que vous allez servir. »
« Quel bon petit cheval que vous avez là ! fit-il de sa voix zézayante, en m’aidant à monter en selle. C’est comme cela que je voudrais en avoir un ; mais je n’ai pas tant de chance. Vous devriez en parler à Madame votre mère, et lui rappeler…
— Est-ce qu’elle vous en avait promis un ?
— Hélas ! non… Ah ! si elle m’avait promis !… Je supposais seulement que, vu sa grande générosité…
— Pourquoi ne vous adressez-vous à Martin Pétrovitch ?
— À Martin Pétrovitch ? répéta Slotkine en traînant sur chaque syllabe, ah ! bon Dieu ! Moi, à ses yeux, ou quelque misérable Maximka, c’est absolument la même chose. Il me tient dans la crasse, et nous ne sommes guère récompensés de tous nos travaux.
— En vérité ?
— Je vous le jure devant Dieu. Dès qu’il a dit : « Ma parole est sacrée, » c’est comme s’il vous coupait tous vos discours avec une hache. Priez-le, ne le priez pas, c’est tout un. Et puis, Anna Martinovna, mon épouse, n’est pas aimée de lui comme son autre fille Evlampia. »
S’interrompant tout à coup, il se frappa les cuisses