Il se refusait encore à croire qu’elle fût morte, bien morte.
« Oui, dans son cercueil. »
Fustow regarda de droite et de gauche, baissa les yeux, puis tourna lentement ses mains l’une dans l’autre.
« Tu as froid ? lui dis-je.
— Oui, mon ami, il fait froid, » répondit-il en traînant les syllabes et en secouant la tête d’un air hébété.
Je me mis à lui expliquer que Susanne s’était empoisonnée ou avait été empoisonnée par d’autres, et qu’on ne pouvait laisser les choses en cet état. Fustow me regarda.
« Que faire ? demanda-t-il en élevant avec lenteur ses fins sourcils. Ce serait bien pis encore si l’on découvrait un enchaînement quelconque… reprit-il aussitôt. Peut-être ne permettrait-on même pas l’inhumation. Laissons plutôt !… »
Cette pensée, si simple, ne m’avait pas encore traversé l’esprit. Le caractère essentiellement pratique de Fustow ne se démentait pas.
« C’est demain qu’on l’enterre ? dit-il.
— Demain.
— Tu iras ?
— Certainement.
— À la maison mortuaire, ou tout droit à l’église ?
— À la maison et à l’église, puis au cimetière.
— Moi, je n’irai pas ! C’est impossible, impo…o…ossible ! » dit Fustow d’une voix étouffée.