Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
L’Abandonnée.

— Ainsi, M. Ratsch s’est marié en premières noces avec une veuve ?

— Probablement.

— Hum ! Et ce Victor qu’on a vainement attendu, est-ce aussi son beau-fils ?

— Non. Celui-là est son fils. Au reste, tu sais bien que je ne me mêle pas des affaires des autres, et que je n’aime guère à interroger. Je ne suis pas curieux. »

Je me mordis les lèvres, tandis que Fustow marchait toujours devant moi. Tout près de sa maison, je le rejoignis et le regardai en face.

« Et Susanne, est-elle vraiment si bonne musicienne ? »

Son visage s’assombrit.

« Elle joue très-bien du piano, murmura-t-il entre ses dents serrées. Mais je dois t’avertir qu’elle est très-farouche, » ajouta-t-il d’un air mécontent.

Il semblait se repentir de m’avoir introduit dans cette maison.

Je me tus, et nous nous séparâmes.

X

Le lendemain, je me retrouvai chez Fustow. C’était devenu pour moi un besoin de passer la matinée chez lui. Il me reçut avec affabilité, comme toujours, mais ne souffla pas mot de notre visite de