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L’Abandonnée.

— Comme elle aime la Russie ! D’honneur, c’est touchant ! interrompit Ivan Demïanitch. Ha-ha-ha ! ça fait trembler, cet amour.

— Eh ! bien, quoi ! poursuivit Éléonore Karpowna. Certainement, j’aime la Russie ; où aurais-je obtenu ailleurs des titres de noblesse ? Mes enfants aussi sont nobles à présent ! Kolia, tiens-toi tranquille avec tes pieds ! »

Ratsch lui fit signe de la main.

« Calmez-vous, ma sultane Sumbeka ! Mais où se cache donc le noble Victor ? Il vagabonde quelque part, pour sûr. Il finira par tomber sous la patte de l’inspecteur. Et alors il y aura un scandale d’enfer ! C’est un fainéant fieffé, ce Victor !

— Je n’ai aucune autorité sur Victor, Ivan Demïanitch, vous le savez bien ! grommela madame Ratsch. »

Je jetai un regard sur Fustow, espérant découvrir enfin ce qui pouvait le déterminer à entretenir des rapports avec de pareilles gens… lorsqu’une jeune fille de haute taille, simplement vêtue, pénétra dans l’appartement ; c’était cette fille aînée de M. Ratsch dont Fustow avait fait mention… Les fréquentes visites de mon ami s’expliquaient pour moi.

VII

Shakespeare, si j’ai bonne mémoire, parle quelque part d’une colombe blanche égarée dans un vol « de