sées, les rideaux ; sur la table, les serviettes blanches se tenaient raides à force d’amidon ; il en était de même pour les vêtements et les chemises des quatre enfants de M. Ratsch, qui se trouvaient dans le salon, créatures trapues, bien nourries, ressemblant beaucoup à leur mère. Les accroche-cœurs qui leur garnissaient les tempes ajoutaient encore à l’impression produite par les lignes vulgaires de leurs physionomies. Tous les quatre avaient le nez un peu écrasé, les lèvres grosses et pour ainsi dire gonflées, de très-petits yeux gris clair, des doigts courts, ramassés et rouges.
« C’est ma garde du corps ! s’exclama M. Ratsch, en posant tour à tour sa lourde main sur la tête de chaque enfant. Kolia, Olia, Sachka et Machka ! Celui-ci a huit ans, celle-là sept, celui-ci quatre, et celle-là deux accomplis. Ha-ha-ha ! comme vous voyez, nous n’avons pas été paresseux, ma femme et moi ! Qu’en dites-vous, Éléonore Karpowna ?
— Vous êtes toujours indélicat dans votre langage, répondit-elle en tournant la tête.
— Et elle a donné à ses poussins de vrais noms russes, continua M. Ratsch. Vous verrez qu’elle les fera rebaptiser à l’église grecque. Le diable m’emporte, c’est une vraie Slave, quoique Allemande d’origine ! Éléonore Karpowna, êtes-vous Slave ? »
Éléonore Karpowna se mit en colère.
« Je suis conseillère aulique, voilà ce que je suis ! et je suis dame russe, par conséquent, et tout ce que vous ajouterez encore…
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