en plaindre… Il faut pourtant que le duo soit joué ! » s’écria M. Ratsch.
Mais déjà il mettait ses galoches dans l’antichambre avec vacarme, et nous entendîmes encore une fois son rire retentissant.
V
« Quel original, dis-je à Fustow, qui, dans l’intervalle, s’était mis à son banc de tourneur. Est-il vraiment étranger ? il parle si bien le russe.
— Oui, étranger ; mais il vit depuis tantôt trente ans en Russie. Un jour, cela peut avoir été en 1802, je ne sais quel prince, revenant d’un voyage à l’extérieur, l’amena ici… comme secrétaire ou… valet de chambre, pour être plus exact. En effet, il parle couramment le russe.
— Il est bien baroque, et emploie des locutions bien russes, de vrai moujik, ajoutai-je.
— C’est vrai ; il exagère. Mais ils sont tous ainsi, ces Allemands russifiés.
— Mais il est Tchèque !
— Je ne sais pas ; peut-être. Avec sa femme, il parle allemand.
— Pourquoi donc s’intitule-t-il un vétéran de 1812 ? A-t-il servi dans la levée en masse ?
— En aucune façon. Lors de l’incendie, il resta dans Moscou, et perdit tout son avoir… Voilà comment il a servi.