voix haute, le vétéran de l’an douze est jusqu’à présent privé de cet honneur ! »
Fustow me présenta le premier, et dit ensuite, indiquant le vétéran de l’an douze : « Ivan Demïanitch Ratsch ; professeur… en plusieurs branches.
— C’est cela, oui, en plusieurs branches ! s’écria Ratsch à la traverse. Qu’on y réfléchisse bien : que n’ai-je déjà point enseigné, et quelles ne sont pas toutes les matières que j’enseigne encore ? Les mathématiques, la géographie, la statistique, la tenue des livres à l’italienne, ha ! ha ! ha ! la musique aussi ! — Vous en doutez, mon très-vénéré monsieur ? me demanda-t-il à brûle-pourpoint. Alexandre Davidovitch vous dira de quelle brillante manière je manie le basson. Quelle espèce de Tchèque serais-je sans cela ? Oui, monsieur, je suis Tchèque, et la vieille ville de Prague est ma patrie. À propos, Alexandre Davidovitch, pourquoi ne vous a-t-on pas vu pendant si longtemps chez nous ? Nous pourrions jouer le duo ensemble… ha ! ha ! oui vraiment !
— Pas plus tard qu’avant-hier, je vous ai fait visite, Ivan Demïanitch, répondit Fustow.
— Eh bien, mais c’est ce que j’appelle longtemps, cela, ha-ha ! »
Quand M. Ratsch riait, ses yeux blanchâtres erraient vaguement et bizarrement.
« Je vois bien, jeune homme, que mes façons vous semblent étranges, me dit-il de nouveau ; mais c’est que vous ne me connaissez pas encore. Interrogez