dire quelque chose. Mais, selon l’habitude des serviteurs de ce temps-là, il se contenta de piétiner un peu sur place.
« À quelle heure est-il parti pour la ville ? demandai-je sévèrement.
— À six heures du matin.
— Eh bien ! paraissait-il préoccupé, triste ? »
Siméon baissa les yeux.
« Notre maître est un homme bizarre. Qui peut le comprendre ? En partant pour la ville, il s’est fait donner son uniforme neuf, et il s’est frisé.
— Comment, frisé ?
— Il a frisé ses cheveux. Je lui ai préparé les fers. »
Je dois convenir que je ne m’attendais pas à cela.
« Connais-tu une demoiselle, demandai-je à Siméon, l’amie d’Élie Stépanitch ? On l’appelle Marie.
— Marie Anempodistovna ? Comment ne pas la connaître ? C’est une jolie demoiselle.
— Ton maître en est amoureux de cette Marie… et ce qui s’ensuit ?… »
Siméon soupira.
« C’est à cause de cette même demoiselle qu’Élie Stépanitch se perdra, parce qu’il l’aime à la folie ; et il ne se décide pas à la prendre en mariage. Renoncer à elle, cela aussi lui coûte. Tout cela vient de sa faiblesse. Il l’aime vraiment beaucoup.
— Et… est-elle jolie ? » fis-je avec curiosité.
Siméon prit un air sérieux.
« Les messieurs les aiment comme ça.
— Et à ton avis ?