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de moi. Je voulus la saisir, mais ayant manqué mon coup, je trébuchai, et je tombai sur une ortie qui me brûla le visage. En m’appuyant sur la terre pour me relever, je sentis sous ma main un objet dur ; c’était un peigne en cuivre sculpté, attaché à un cordon dans le genre de ceux que les paysans russes portent à la ceinture.

Mes recherches ultérieures restèrent vaines, — et Je revins vers la cabane, les joues criblées de piqûres, tenant le peigne à la main.

IX

Je trouvai Téglew assis sur son banc. Une bougie brûlait devant lui sur la table, et il écrivait quelque chose dans un petit album qui ne le quittait jamais. Quand il m’aperçut, il remit précipitamment l’album dans sa poche et se mit à bourrer sa pipe.

« Voici, mon ami, commençai-je, le trophée que j’ai rapporté de ma campagne ! Je lui montrai le peigne, et je lui racontai ce qui m’était arrivé près du saule. C’est, sans doute, ajoutai-je, un voleur que j’ai effrayé. Vous savez qu’on a volé hier un cheval chez le voisin. »

Téglew sourit froidement et alluma sa pipe. Je m’assis près de lui.

« Vous restez convaincu, Élie Stépanitch, que la voix que nous avons entendue venait de ces régions inconnues… »