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Viens, nous nous défendrons ensemble contre les méchants Tatares, contre les bandits polonais. »

Maximka, tout en continuant de rire, se mit en devoir de grimper ; mais on le saisit et on l’entraîna en arrière, Dieu sait pourquoi, si ce n’était pour donner un exemple aux autres, car il ne pouvait pas être d’un grand secours à Kharlof.

« Ah ! c’est comme ça ? cria celui-ci, qui attaqua de nouveau les solives.

— Vikenti Ossipitch, dit Slotkine à Lisinski, permettez que je lui tire un coup, pour l’effrayer seulement, car mon fusil n’est chargé qu’à plomb de bécassines… »

Lisinski n’eut pas le temps de lui répondre ; les jambes du fronton, furieusement secouées par les poignées d’airain de Kharlof, craquèrent, penchèrent sur la cour et s’écroulèrent avec fracas. Entraîné par elles, Kharlof aussi fut précipité. Il frappa le sol de tout son poids. Les assistants poussèrent un cri. Kharlof restait étendu sur la poitrine ; la longue poutre qui forme l’arête du toit avait suivi le fronton dans sa chute et était tombée sur les épaules du malheureux.

On accourut, on enleva la poutre, on retourna Kharlof sur le dos. Son visage était inanimé, du sang suintait au coin des lèvres, il ne respirait plus. « C’est fini, » murmuraient les paysans, qui s’étaient approchés.

On courut chercher de l’eau dans un puits, on