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« Voliges…, dit-elle, et broquettes… »

Évidemment elle ne comprenait pas le sens de ces mots.

« Mais enfin, qu’avez-vous fait ?

— Je suis revenu ici pour chercher des instructions. Sans envoyer beaucoup de monde, on ne pourra rien faire là-bas ; tous les paysans se sont cachés de peur.

— Mais les filles de Martin Petrovitch ?…

— Elles aussi ne sont bonnes à rien. Elles courent de ci, de là, tout éperdues ; elles entonnent le chant de mort… et voilà tout.

— Slotkine est-il là ?

— Lui aussi. Il hurle plus fort que les autres.

— Quoi, vraiment ! Martin Petrovitch se tient sur le toit ?

— Pas sur le toit ; sur le plancher du grenier, et de là il renverse le toit.

— Ah ! oui, je sais… la volige… »

Il était évident que c’était un cas bien singulier. Que fallait-il faire ? Envoyer à la ville chercher l’ispravnik ? Rassembler les paysans ? Ma mère avait complétement perdu la tête. Gitkof, qui était venu pour dîner, n’était pas moins ahuri. Il est vrai qu’il parla de requérir la troupe ; mais, habitué à la discipline, il ne savait donner aucun conseil, et se bornait à regarder ma mère avec dévouement et subordination. Lisinski, voyant qu’il n’y avait pas d’instructions à espérer, finit par dire à ma mère, avec le respect affecté qui lui était familier, que, si on lui