Page:Tourgueniev, Terres Vierges, ed. Hetzel.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée


Il se mit à farfouiller dans le tiroir ; Snandoulie s’approcha de Machourina, la regarda longuement, et lui serra la main comme à une camarade.

« La voilà ! j’ai trouvé ! » s’écria Pakline en présentant la photographie à Machourina.

Celle-ci, presque sans regarder le portrait, sans dire merci, mais toute rougissante, fourra vivement la carte dans sa poche, mit son chapeau et se dirigea vers la porte.

« Vous partez ? lui dit Pakline. Donnez-moi au moins votre adresse !

— Je n’ai pas d’adresse fixe.

— Je comprends, vous ne voulez pas que je la connaisse. Dites-moi au moins une chose : vous êtes toujours sous les ordres de Vassili Nicolaïévitch ?

— Que vous importe ?

— Ou d’un autre, peut-être ? De Sidor Sidorovitch ? »

Machourina ne répondit pas.

« Ou peut-être d’un anonyme ? »

Machourina franchit le seuil.

« Peut-être bien, d’un anonyme. »

Elle tira la porte derrière elle.

Pakline resta longtemps immobile devant cette porte fermée.

« La Russie anonyme ! » dit-il enfin.



FIN.