votre dîner ; ne vous montrez pas dans la cour, surtout. Pensez-vous, Marianne, que les Sipiaguine vous fassent chercher, qu’ils courent après vous ?
— Je pense que non, répondit Marianne.
— Et moi, je suis persuadé que oui, dit Néjdanof.
— N’importe, reprit Solomine ; en tout cas, il faut être prudents pendant les premiers temps. Puis cela ira tout seul.
— Oui, mais écoutez, lui fit observer Néjdanof ; il faut que Markelof sache où me trouver. Nous devrons l’avertir.
— Pourquoi ça ?
— C’est indispensable pour notre affaire… Il doit toujours savoir où je suis. Je le lui ai promis. Du reste, il ne parlera pas.
— Très-bien. Nous enverrons Paul.
— Et mon vêtement sera prêt ? demanda Néjdanof.
— Le costume ? comment donc ! ce sera une vraie mascarade, pas chère, Dieu merci. Adieu, reposez-vous. Allons, Tatiana. »
Marianne et Néjdanof restèrent seuls de nouveau.
Ils commencèrent, comme la première fois, par s’étreindre fortement les mains, puis Marianne s’écria :
« Attends, je vais t’aider à arranger ta chambre ! »
Et elle se mit à retirer les effets du sac de voyage et de la valise.
Néjdanof voulut l’aider, mais elle lui déclara qu’elle ferait cela toute seule, « parce qu’il fallait qu’elle s’accoutumât à servir ». Et, en effet, toute seule elle pendit ces effets à des clous qu’elle avait trouvés dans le tiroir de la table et qu’elle ficha dans le mur en se servant du