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vous attendrai tous les matins, et pendant toute la semaine je ne m’absenterai pas. Toutes les mesures seront prises. »

Marianne, qui avait fait un pas vers la porte, s’avança vers lui.

« Adieu, cher Vassili Fédotytch… C’est bien ainsi que vous vous appelez ?

— Oui.

— Adieu… ou plutôt, non, au revoir. Et merci, merci !

— Adieu… bonne nuit, ma chère enfant.

— Adieu, Néjdanof !… À demain… » ajouta-t-elle, et elle sortit rapidement.

Les deux jeunes gens restèrent un moment immobiles et silencieux.

« Néjdanof !… dit enfin Solomine ; puis il se tut.

— Néjdanof ! reprit-il, racontez-moi, au sujet de cette jeune fille… ce que vous pouvez raconter. Quelle a été sa vie jusqu’à présent ? Qui est-elle ?… comment se trouve-t-elle ici ? »

Néjdanof raconta brièvement ce qu’il savait.

Solomine l’écoutait avec une attention profonde.

« Néjdanof… lui dit-il enfin, veillez bien sur cette jeune fille. Car… si jamais… s’il arrivait… ce serait bien mal de votre part. Adieu. »

Il s’éloigna ; Néjdanof resta quelque temps au milieu de sa chambre, puis murmura : « Tant pis, n’y pensons plus, » et se jeta sur son lit.

Marianne, en rentrant chez elle, trouva sur son guéridon un petit billet ainsi conçu :

« Vous me faites peine. Vous vous perdez. Réfléchissez. Dans quel abîme allez-vous vous jeter les yeux fermés ! Pour qui, et à propos de quoi ?

« V. »

Un parfum frais et subtil était resté dans la chambre : évidemment Valentine venait d’en sortir.

Marianne prit une plume et écrivit au bas du billet :

«