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III


L’EAU DE FRAMBOISE


Au mois d’août, les chaleurs de l’après-midi sont tellement intolérables, que le chasseur le plus enragé se voit contraint de renoncer à son plaisir favori. Son chien, lui aussi, quelque dévoué qu’il soit, commence à lui lécher l’éperon ; il le suit pas à pas, tirant la langue, et les yeux mi-clos. Si le maître se retourne et lui adresse des reproches, il lève sur lui un regard suppliant, agite péniblement la queue, mais ne prend pas les devants. Je me mis pourtant en route un de ces jours-là ; une fois parti, longtemps, je résistai à la tentation d’abandonner la chasse et de m’étendre à l’ombre dans un endroit frais ; longtemps, mon infatigable chien continua de