— Non, merci : j’ai hâte de rentrer.
— Comme il te plaira. Veux-tu que mon petit cocher te mène le cheval maintenant ?…
— Oui, maintenant, je vous prie.
— Soit, batiouchka, soit… Vassili ! Hé ! Vassili ! va avec le bârine, mène lui le cheval, et reçois l’argent. Adieu, batiouchka, avec Dieu !
— Adieu, Anastasi Ivanitch !
Le cheval fut amené à mon auberge. Le lendemain même, il était fiévreux et boiteux. Je le fis atteler : il reculait en arrière ; on le frappa du fouet : il ruait et se couchait par terre. Je retournai chez M. Tchernobaï.
— Le patron est-il à la maison ?
— À la maison.
— Eh bien, lui dis-je, vous m’avez vendu un cheval malade.
— Malade ? Dieu garde !
— Il a la fièvre, il boite, il est rétif.
— Je ne sais pas : c’est sans doute ton cocher qui l’a gâté ; quant à moi, je prends Dieu à témoin…
— Anastasi Ivanitch, il est juste que vous repreniez ce cheval.
— Non, batiouchka, ne vous fâchez pas : une fois hors de la cour, c’est fini. Vous deviez examiner avant de conclure.