— Un acheteur ! murmura Nazarov ; et moi qui ne leur ai pas encore lavé la queue.
— Ô Arcadie ! pensai-je.
— Bonjour, batiouchka : je te prie d’entrer, dit derrière moi une voix très douce. Je me retournai ! J’avais devant moi un vieillard de moyenne taille, en manteau bleu ; ses cheveux étaient absolument blancs ; il avait un sourire avenant et de très beaux yeux bleus.
— Il te faut des petits chevaux ? Bien, batiouchka. Mais ne veux-tu pas d’abord prendre du thé ?
Je remerciai et refusai.
— À ta volonté, batiouchka ; excuse-moi, je suis du vieux temps. (M. Tchernobaï parlait sans hâte, en accentuant la lettre o.) J’agis en toute simplicité, sais-tu. Nazarov ! ajouta-t-il sans élever la voix.
Nazarov, vieillard au visage tout strié de rides, au nez en bec de vautour et à la barbe pointue, se montra sur le seuil de l’écurie.
— Quelle sorte de chevaux désires-tu, batiouchka ? me dit M. Tchernobaï.
— Pas trop cher. De trait pour la kibitka.
— Fort bien, à ta guise. Nazarov, montre au bârine le hongre gris ; tu sais, au fond à gauche, le bai brun et le bai de Krassotka. (Nazarov ren-