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des quatre pieds. Sitnikov détourna la tête et ferma les yeux.

— Rrrakalioon ! s’écria Khlopakov, j’aime ça.

Le prince rit. On se rendit maître de Pavline, non sans peine. Il traîna le palefrenier. À la fin on le mit contre un mur. Il soufflait, tressaillait, levait les pieds, et Sitnikov l’irritait encore avec le fouet.

— Où regardes-tu, hein, drôle ? Je t’arrangerai, moi !… disait le maquignon d’un ton de menace caressante en contemplant lui-même avec fierté son cheval.

— Combien ? demanda le prince.

— Pour Votre Excellence, cinq mille.

— Trois.

— Impossible, voyez Votre Excellence.

— On te dit trois, Rrrakalioon ! dit Khlopakov.

Je n’attendis pas la conclusion de l’affaire, et je sortis.

Au bout de la rue, je vis sur la porte-cochère d’une petite maison grise un grand écriteau où était dessiné à la plume un cheval qui avait la queue en trompette et le cou infini ; sous les sabots du cheval étaient inscrites les paroles suivantes, d’une écriture ancienne : « Ici se vendent des chevaux de différentes robes, provenant des haras stepniaques d’Anastasi Ivanitch