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Nous marchandions dans la rue, quand tout à coup une troïka magistralement dirigée s’arrêta devant la porte de Sitnikov. Dans une élégante téléga de chasse était assis le prince N… ; près de lui se dressait Khlopakov, Baklaga menait… et comme il menait ! Il aurait pu, le brigand, passer à travers une boucle d’oreille. Les pristiajnaïas, chevaux bais, petits, vifs, aux jambes et aux yeux noirs, sont comme du feu. Ils tiennent à peine en place. La korrennaïa a un cou de cygne, la poitrine saillante, des jambes qui sont des flèches et ne fait qu’agiter la tête et cligner des yeux. Quel bel attelage !

— Votre Excellence ! je vous prie d’entrer, cria Sitnikov.

Le premier sauta à terre, Khlopakov descendit lentement de l’autre côté.

— Bonjour, frère : as-tu des chevaux ?

— Comment n’en aurais-je pas pour Votre Excellence ? Entrez donc, je vous prie. Petia, amène-nous Pavline, et dis qu’on prépare Pokhvalni. Quant à vous, batiouchka, ajouta-t-il en s’adressant à moi, nous finirons une autre fois. Foma, un banc à Son Excellence !

D’une écurie particulière que je n’avais pas remarquée on fit sortir Pavline. C’était un beau bai brun, un animal puissant. Il s’élança en l’air