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— Ah ! je vous salue bien. Vous venez voir des chevaux ?

— En effet.

— Et quelle sorte de chevaux précisément, si j’ose le demander ?

— Montrez-moi les chevaux que vous avez.

— Avec plaisir.

Nous entrâmes dans l’écurie. Trois ou quatre chiens blancs se levèrent du foin et vinrent à nous en remuant la queue ; un vieux bouc s’éloigna ; trois palefreniers en épaisses touloupes crasseuses nous saluèrent. À droite et à gauche, les stalles, bien aménagées, contenaient une trentaine de chevaux lavés, peignés, étrillés. Sur les cloisons roucoulaient des pigeons.

— Voulez-vous un cheval de trait ou de haras ?

— De trait et de haras.

— Nous comprenons, nous comprenons.

— Petia, amène Gornostaï.

Nous retournâmes dans la cour.

— Voulez-vous un banc ?… Non ?… Comme il vous plaira.

On entendit des pas de cheval dans l’écurie, un bruit de fouet ; puis Petia, homme de quarante ans, grêlé et hâlé, s’élança, tapant par la bride un bel étalon gris, le fit lever sur ses