― Voilà Khor affranchi, poursuivit-il à mi-voix, comme s’il n’eût parlé que pour lui-même. Bon ! quiconque se rase le menton se croira le droit de commander à Khor[1].
― Tu n’auras qu’à te raser !
― Qu’est-ce que la barbe ? C’est de l’herbe, ça se fauche.
― Eh bien, alors ?
― Khor libre passerait dans la société des marchands : la vie est bonne pour les marchands, mais les marchands gardent leur barbe.
― Et justement tu n’es pas novice dans le commerce.
― Oui, on vend un peu de beurre, un peu de goudron… N’ordonnez-vous pas qu’on vous attèle la telejka ?
« Voilà un homme prudent et qui sait garder sa pensée », me suis-je dit.
― Non, lui dis-je, point de telejka demain, je chasserai autour de ta maison ; mais aujourd’hui si tu le veux bien, j’irai dormir dans ton hangar à foin.
― Comme il vous plaira. Mais serez-vous à votre aise sur le foin ? Attendez, les babas vont vous donner un drap de lit et des oreillers.
- ↑ En Russie, les moujiks portent tous la barbe.