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M. Penotchkine rit beaucoup de l’exploit de son bourmistre et me dit en français, en me le montrant de la tête : « Quel gaillard ! hein ? »

La nuit étant venue, Arkadi Pavlitch fit enlever la table et apporta du foin. Le valet de chambre étendit des draps de lit et disposa des oreillers. Nous nous couchâmes. Sofron partit après avoir reçu de son maître des recommandations pour le lendemain et, avant de s’endormir, Arkadi Pavlitch me fit l’éloge du moujik russe, ajoutant qu’il n’avait jamais eu d’arriéré depuis que Sofron était son régisseur…

Le garde de nuit frappait sur la planche, un enfant pleurait dans un coin de l’izba. Nous nous endormîmes.

Nous nous levâmes d’assez bonne heure. Je m’étais promis d’aller à Riabovo ; mais Arkadi Pavlitch témoigna un si grand désir de me montrer sa propriété que je me décidai à rester. J’avoue que j’étais curieux de vérifier par moi-même les qualités de l’homme d’État Sofron. Celui-ci parut. Il était en armiak bleu et en ceinture rouge ; il parlait moins que la veille, regardait son maître avec une attention pénétrante et faisait des réponses habiles et posées. Nous nous rendîmes ensemble à l’aire. Le fils de Sofron, le starost de trois archines — un sot