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Nous nous levâmes enfin pour errer encore jusqu’au soir. Au souper, je reparlai de Khor et surtout de Kalinitch.

― Kalinitch est un bon moujik, me dit M. Poloutikine, fidèle et serviable, mais il ne sait pas tenir son ménage. D’ailleurs, c’est moi qui l’en empêche. Chaque jour il me suit à la chasse. Jugez vous-même, comment pourrait-il soigner son ménage ?

― En effet.

Nous allâmes nous coucher.

Le lendemain, M. Poloutikine se rendit à la ville pour affaire avec son voisin, nommé Pitchoukov. Le voisin Pitchoukov avait, en labourant son champ, empiété quelque peu sur le terrain de M. Poloutikine. Il avait même fouetté, sur les terres de M. Poloutikine, une baba de M. Poloutikine.

Je chassai seul ce jour-là. Vers le soir je me rendis chez Khor. Je rencontrai sur le seuil de l’izba un vieillard chauve, petit de taille, mais large d’épaules et bien bâti, c’était Khor lui-même. Je l’examinai curieusement. Son visage rappelle celui de Socrate : front très haut et bosselé, yeux petits, nez épaté. Il m’introduisit chez lui. Fedia m’apporta du lait et du pain bis, Khor s’assit sur un banc et, tout en caressant douce-