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visible plaisir il se versa un verre de vin rouge, le porta à ses lèvres et fronça les sourcils.

— Comment le vin n’a-t-il pas été chauffé ? dit-il sèchement à l’un des valets.

Le valet se troubla, pâlit et resta comme pétrifié.

— Mais, je t’interroge, mon cher, reprit le maître avec calme, les yeux braqués sur le pauvre homme.

Le valet piétina sur place, tordit la serviette qu’il tenait à la main, et resta silencieux. Arkadi Pavlitch baissa le front tout en continuant à regarder pensivement le malheureux, mais en dessous.

— Pardon, cher ami, me dit-il avec un sourire aimable en me posant amicalement la main sur le genou, et il regarda de nouveau le valet.

— Allons, va, dit-il enfin en relevant les sourcils.

Il sonna. Entra un homme obèse, brun, au front bas, aux yeux noyés de graisse.

— Pour Fédor, dit à demi-voix Arkadi Pavlitch, admirablement maître de lui-même : fais tes préparatifs.

— À vos ordres, répondit le gros et il sortit.

— Voilà, mon cher ami, les désagréments de la campagne, me dit Arkadi Pavlitch avec un sourire… Mais où allez-vous, restez donc encore un peu.