Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonne ne me répondit. Je criai de nouveau, un miaulement affamé se fit entendre derrière une autre porte ; je la poussai du pied et un chat maigre passa près de moi en faisant briller dans l’ombre ses yeux verts. J’avançai la tête dans la chambre, je regardai : tout était sombre, noir, désert. J’allai dans la cour, déserte aussi. Derrière une haie, un veau accroupi beuglait ; une oie grise et boiteuse clocha vers moi en canetant. Je passai dans une troisième izba tout aussi déserte.

Mais dans la cour de cette izba, à l’endroit le plus chaud, je trouvai étendu le nez contre terre et le corps recouvert de son armiak, un gamin — du moins, me parut-il tel. À quelques pas de lui, contre une mauvaise petite telega, se tenait, sous un petit toit de chaume, une méchante rosse décharnée avec un harnais en morceaux. Le soleil tachait de clair – sa lumière se découpant aux ouvertures de la muraille délabrée — la robe rousse de la bête. Au-dessus du toit, dans la logette hissée sur une perche, des étourneaux garrulaient tout en regardant curieusement dans la cour. J’allai au dormeur et l’éveillai. Il dressa la tête et se leva brusquement.

— Quoi ? marmotta-t-il. Que voulez-vous ? Qu’est-ce ?