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— Oui, et il dit que le liéchi est grand, sombre, qu’il se cache toujours derrière un arbre, qu’on ne peut jamais le distinguer nettement parce qu’il évite la clarté de la lune ; mais on voit ses yeux qui clignotent, clignotent.

— Eh ! toi, fit Fedia en frissonnant, toi !

— Et pourquoi, dit Pavel, cette vermine-là pullule-t-elle sur la terre… Je vous demande ?…

— Ne dis pas de mal de lui, prends garde, il entendrait, interrompit Ilia.

Nouveau silence, puis le petit Vania s’écria :

— Frères, voyez, voyez les petites étoiles du bon Dieu, elles essaiment comme des abeilles.

Il avait retiré son frais visage de dessous sa natte et levait lentement vers en haut, s’appuyant sur son coude, ses grands yeux doux ; les autres l’imitèrent et leurs regards restèrent longtemps levés sur le ciel.

— Eh bien ! Vania, fit cordialement Fedia, ta sœur Anioutka va bien ?

— Elle se porte bien, répondit Vania en faisant vibrer l’air.

— Dis-lui… pourquoi ne vient-elle pas chez nous ?

— Je ne sais pas.

— Dis-lui qu’elle vienne.

— Je le lui dirai.