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— Et de quelle chose terrible nous parlais-tu, dit Iliouchka, qui en sa qualité d’enfant riche devait être le coryphée de la bande. (Quant à lui, il parlait peu, comme pour sauvegarder son mérite.) Quelque chose t’a interrompu… les chiens… C’est vrai, je l’ai entendu dire que c’est un lieu impur.

— Les Varnavitsi ? Je pense bien, on y a vu plus d’une fois errer le vieux bârine. Le feu bârine porte un long cafetan ; il soupire, cherche des yeux à terre… une nuit Trofimovitch le rencontre et lui dit : « Petit père, Ivan Ivanovitch, que daignes-tu donc chercher à terre ? »

— Le diédouchka[1] Trofimovitch a osé lui parler ? dit Fedia très étonné.

— Mais oui, il a osé.

— Ah ! mais, il est brave alors, Trofimovitch ! Eh bien, et l’autre ?

— « Je cherche de l’herbe à tout fendre, dit-il d’une voix sourde, oui de l’herbe à tout fendre. — Et que veux-tu en faire, batiouchka Ivan Ivanovitch ? — La terre m’étouffe, qu’il dit… il faut que je sorte de là, Trofimovitch… »

— Vois-tu, dit Fedia, il n’a pas vécu son saoul.

  1. Le grand-père.