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— Voici, nous étions, mon frère Andiouchka, Fedor Mikhéitch, Ivachka Koçoï et l’autre Ivachka des Rouges-Collines et un troisième Ivachka, Soukhoroukov et encore d’autres, dix en tout, ceux du jour, — et nous devions passer la nuit dans la robina, c’est-à-dire nous ne le devions pas, mais Nazarov, le contre-maître, nous dit : « Pourquoi vous en aller ? enfants. Demain matin il y aura beaucoup d’ouvrage, restez donc… » Et voilà, nous étions restés pour dormir. Nous venions de nous coucher quand Andiouchka nous dit : « Et si le domovoï arrivait !… » Andiouchka parlait encore quand, sur nos têtes, quelque chose passa avec un bruit étrange. Nous étions couchés, le bruit était en haut, au-dessus de nous, et il s’arrêta sur la roue. On marche, on grogne, les planches crient et craquent. Il repasse sur nos têtes et l’eau se met à gronder, à gronder, à battre, la roue à tourner, pourtant la digue avait été fermée. « C’est surprenant, que nous disions, elle ne s’est pas ouverte toute seule ! » Mais la roue tourna longtemps et puis s’arrêta : il est à la porte d’en haut, il descend dans l’escalier lentement, les marches ne craquent pas sous lui. Le voilà derrière la porte, il attend… nous regardons… la porte s’ouvre toute grande. Nous