Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

oreilles, — cet ensemble n’avait rien d’intéressant. Il avait des laptis neufs et des onoutchis[1]. Un triple tour de corde à puits assujettissait son cafetan noir assez propre au-dessus de ses hanches. Ilia et Pavel paraissaient avoir douze ans.

Kostia n’en avait guère que dix. Son air pensif, son regard triste m’attiraient. Il avait le visage petit, effilé, pointu, avec des taches de rousseur. La partie inférieure était mince comme un museau d’écureuil, et on ne voyait pas, au premier regard, ses lèvres. Ses grands yeux noirs, luisant d’un éclat liquide, semblaient toujours parler, mais sa bouche restait fermée. Il était petit, chétif, vêtu pauvrement.

Je n’avais pas tout d’abord aperçu Vania, le dernier. Il était couché par terre, entouré d’une natte dont il dégageait rarement sa petite tête frisée. Il n’avait guère plus de sept ans.

Je m’étais couché à l’écart et je regardais ces enfants. Ils faisaient cuire des pommes de terre dans un chaudron suspendu au-dessus d’un feu. Pavel à genoux les surveillait et, de temps en temps, piquait avec un éclat de bois dans l’eau bouillante. Fedia, couché aux trois quarts sur un endroit un peu incliné, s’appuyait sur

  1. Morceaux de toile qui remplacent les chaussettes.