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aussi coûteuse. Peut-être que cette végétative idole, languissant sous l’écorce des soies et les pierres de ses colliers barbares, le consolait d’être lui-même aussi fiévreusement mal vêtu. Peut-être qu’il aimait à voir reluire dans ses yeux mordorés les reflets inestimables de l’or, et peut-être encore qu’il l’avait louée simplement comme une enseigne à sa richesse.

Au moins n’était-elle pas son principal souci, comme il le montra en partant brusquement un jour, sur son yacht la Méduse, visiter la Terre de Feu, dont il caressait le projet d’y aménager des colonies agricoles, les asiles de nuit lui en devant fournir les premiers colons. Ainsi Nane se trouva libre, quoique pour combien de temps elle ne savait avec exactitude.

Elle s’était montrée d’abord un peu chagrine qu’on ne l’emmenât point ; car elle s’imaginait la Terre de Feu comme un pays très chaud, avec des lianes, des ananas au jus naturel, des papillons larges comme des paravents ; et sans doute aussi quelque casino où l’on pourrait déployer des toilettes excentriques, devant des gens de couleurs diverses, en smoking : quelque chose comme les nègres du quartier latin.

Il fallut lui expliquer que ce