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ordre de mensonges, comme me l’a fait comprendre Dieudonné, qui ne sont plus de mise chez une femme comme il faut.

— Mais c’est un perfide désenchanteur, ce capitaliste, avec son goût pour la vérité. Si on le laissait faire, il serait capable de changer les bêtes en hommes. Et voyez-vous, Nane, le jour où on ne mentirait plus, chacun, de dégoût, se réfugierait tout seul dans une île déserte. Vous-même, la première fois que vous le tromperez, votre Marigo, — car vous le tromperez, n’est-ce pas... ?

— C’est possible ; mais si je le fais, répond-elle non sans obscurité, ce ne sera pas rien que pour le plaisir qu’il le soit : ce sera aussi pour mon plaisir.

— D’accord, mais le soir de ce jour-là, croyez-vous que vous lui direz, en vous mettant à table : « Mon ami, je viens de vous faire cocu avec M. Adolphe Désuet, de la grande maison de lingerie ? » Non.

— Mon cher, réplique Nane, cela prouve seulement qu’il y a aussi tout un ordre de vérités qui ne sont pas de mise chez une femme comme il faut.

À quoi elle ajoute :

— Ça, ça n’est pas M. Le Marigo qui me l’a dit.