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« At tuba, terribili sonitu, taratantara dixit. »
(ENNIUS, Annal.)
C’était des cris dont on demeurait étonné ; un airain aigre, retentissant, qui, dans la nuit faisait : Hoûoûoûoû....


À cette époque mon amie Nane était presque une inconnue pour moi, bien loin de m’appartenir en propre. À vrai dire, et dans la suite même, je n’ai jamais recherché le monopole de sa tendresse. N’eût-ce pas été de l’égoïsme ? Outre qu’il en faudrait avoir les moyens.

À cette époque donc, Nane passait pour être la propriété exclusive de Bélesbat, le Hautfournier. Cet industriel, qui crevait sous lui de chiffres et de plans les ingénieurs les plus endurcis ; dont l’âme tout arithmétique aurait ramené aux quatre opérations la beauté, l’héroïsme, la haine même, ne dédaignait pas toujours d’acquérir des choses gracieuses, encore qu’inutiles. En fait Nane lui était d’aussi peu de produit qu’un buisson de roses, un hamac, une habanera ; et l’on ignorera toujours pourquoi il conservait une employée