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— Comment forcée ?

— Oui, enfin. Il a — il a insisté. Ensuite, il ne m’a pas rendu les reconnaissances. Et ce soir, je le vois portant mon collier — et, avec un homme. Mais c’est bien fini — je le jure.

Et Nane pleure toujours.

— Enfin, vous l’aimez encore, ce poisson-là ?

— Moi ! je ne peux pas le souffrir, vous savez bien.

— Ce n’est pas, je suppose, l’estime, ni l’admiration qui vous retiennent dans ses bras ?

— Dans ses bras ! Et Nane, haussant les épaules, rit avec mépris parmi ses larmes. Comme s’il y avait quelque chose à y faire ! (Seigneur ! Seigneur ! que je suis malheureuse.)

— Pourquoi ne pas le faire pincer ? D’après ce que vous me dites, en disant un mot aux inspecteurs.

— Non, non, s’écrie-t-elle d’une ardeur soudaine. Je ne veux pas qu’on lui fasse du mal. (Seigneur !)

Un silence désobligeant tombe sur nous, et dure. Malgré le brouhaha, j’entends que Nane soupire, de toute son enfantine douleur.

— Mais enfin, Nane, si vous ne l’aimez pas, ce d’Elche, ni ne l’estimez, et qu’il ne soit d’aucun usage, pourquoi le gardez-vous ?