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Soumise à des entraînements contraires, elle ne les pouvait concilier que par le mensonge, et le doyen de Sainte-Marthe, son confesseur, était le dernier à qui elle s’en pût confier, quand même, pour la conduire à travers tant d’écueils, il eût été autre chose que le pasteur de petite ville dont on imaginera sans peine l’âme, le visage, le ventre épanouis, toute l’ambition bornée aux limites de sa cure.

Ce bonhomme pour qui la mystique n’était que pieux venin, et l’ascétisme des livres « surnaturels », périlleuse acrobatie, ce confesseur mal accoutumé aux fautes complexes n’en aurait pas cru sans effort Mme Beaudésyme à l’entendre avouer que depuis deux ans c’est en état d’adultère qu’elle approchait la Sainte Table. Non pas que la crainte du scandale la contraignit à ce sacrilège autant peut-être que la faim des sacrements ; et peut-être que c’eût été dans son cœur une autre espèce de sacrilège que renoncer sa passion, ne serait-ce que des