Page:Toulet - La Jeune Fille verte, 1920.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jeanny, opulent créole échappé jadis des affranchis, des jacobins, des corsaires. Ce Paschal, dont la famille, à l’île Bourbon, se nommait : des Balises, avait laissé dans le pays plus d’une légende, par sa mise de planteur, ses indolents caprices, et le grand nombre de ses bâtards. Avec ses deux beaux-frères, il terrorisait Ribamourt. L’un d’eux, le capitaine Paul-Jean de Laborde, officier de marine et qui l’était resté sous la Terreur, réalisait, sur ses vieux jours encore, cette figure d’aventurier brutal, dangereux et chevaleresque, fort éloignée du Louis XVI, et dont ni son métier ni son temps n’étaient avares. Quant à l’autre, le potestat de Sibas, ancien chancelier de Monsieur et ruiné par la Terreur, il avait rapporté de l’émigration pour tous bagages, une idée fixe : il voulait remplacer la guillotine par une potence à fleurs de lis, pour y suspendre ensemble nouveaux seigneurs, nouveaux bourgeois, nouvelles gens d’épée, tout ce qui, en un mot, s’était tiré de roture.