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séché la boue d’argile et la bruine qu’il présentait l’autre jour sous le ciel mouvant et bas, quand, du convoi, les cheveux d’or de Mme Beaudésyme étaient la seule gloire. Aujourd’hui l’air avait un reflet d’ambre. Une odeur de couronnes en décrépitude s’y mêlait au baume des cyprès. Quelques vieilles femmes paraient déjà des tombes pour le jour des Morts : leur voix amincie par l’âge couvrait à peine le bruit des feuilles qu’un peu de vent chassait, tournoyantes, dans les allées. Et seul, un bourgeois de Ribamourt, qui injuriait des ouvriers en retard, troublait le recueillement des choses.

Le cimetière était sur la hauteur de Sainte-Marthe entre l’église et le presbytère, dont les ormeaux, que l’arrière-saison n’avait jaunis encore qu’au sommet, laissaient entrevoir par delà les méandres de l’Ouze et sa bordure de collines, les créneaux bleus des Pyrénées. L’heure trouble du soir tombait déjà d’un ciel ensanglanté. Bientôt les montagnes eurent l’air d’une muraille d’hya-