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Mme Beaudésyme contemplait son rouge mari sous la veilleuse. L’avait-il jamais aimée ? Elle était incapable de s’en souvenir. Elle, du moins, n’y répugnait pas au temps de leurs noces. Tandis qu’aujourd’hui, était-elle sûre seulement de l’estimer ? Mais elle aurait voulu savoir ce qu’il pensait d’elle, de Vitalis, et ce qu’il savait. Cette tête aux yeux clos, où il y avait une part de sa destinée, lui apparut tout à coup pleine de mystère, et comme l’image de cet équivoque aveuglement qu’il opposait à ses trahisons. Quels vices, quels louches calculs, quelle terreur d’un honteux avenir dormaient sous ce crâne immobile ? Était-ce vrai, comme elle le craignait, comme on avait tâché aussi à lui faire entendre, qu’il avait dilapidé ses biens à elle, et peut-être d’autres dépôts plus sacrés — et pour cela qu’au réveil non plus il ne voulait pas voir ?

Là reposaient aussi d’autres secrets que Mme Beaudésyme voulait à tout prix surprendre. Ce testament, pour lequel son mari