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ondulation, faisant glisser son peignoir jusqu’à terre, se coucha toute nue.

Cependant elle laissait nager sur Vitalis les regards d’une méprisante joie, comme si elle ne lui eût offert qu’à son gré ses membres, et leur servage orgueilleux.

C’était un des jours les plus chauds de cette fin d’été. Sous le firmament d’or, voguaient des nuages éclatants et denses que les souffles d’en haut, ignorés d’un sol immobile, modelaient selon des caprices mystérieux. L’un d’eux, en passant sur le soleil, plongea dans la pénombre ces amants embrassés déjà.

O Nuée aux humides flancs, mouvante vapeur, ô Nuée du hasard pétrie en forme de cygne, éphémère ivresse des yeux : avant qu’une nuée nouvelle épouse les figures inconstantes de ta beauté ; et que par vous se ruine ou renaisse l’image innombrable de nos rêves, avant qu’au front des Pyrénées, un instant retenue par les sapins aux noires chevelures, on te voie, pareille au