Page:Toulet - La Jeune Fille verte, 1920.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

connaît pas. Ces dieux nus dont elle riait l’autre jour, qui se cachent sous l’écorce des chênes et sentent la chèvre… on dit que ce sont des démons : s’il y en avait pourtant ! et d’autres moins distincts, mais plus terribles encore, dont on est parfois frôlé dans ses rêves. Elle plongea ses regards au fond de la forêt : rien ne bougeait et ne semblait vivre, ni aucun souffle jusqu’en haut des branches, qui agitât l’odorante immobilité. Mais ce n’était que le sommeil d’une vie sans limites. Enivrée et lasse, dans l’implacable midi, l’âme de la terre dormait.

Et voici, tout à coup, qu’il lui semble d’entendre marcher derrière les arbres. Oui, l’on dirait un pas, très loin ou tout près. Et quelle chose ! Un pas nu. Baigneur de hasard ; satyre, chemineau, enfants de la terre, mystère ou peut-être péril ? N’a-t-elle pas vu luire, à travers les feuilles, un regard semblable à ces yeux que lui fait, quand ils sont seuls, Me Beaudésyme ? Et les branches s’entr’ouvrent :